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A l'origine du catharisme : une nécessité de revenir au christianisme primitif

« J’entendis du ciel une autre voix qui disait :

Sortez du milieu d’elle, mon peuple,

Afin que vous ne participiez point à ses péchés

Et que vous n’ayez point de part à ses fléaux ».

Lettre de Jean à l’église de Laodicée[1]

 

 

Le temps d’une Nouvelle Alliance était donc venu. En envoyant le Christ pour que l’humanité prenne conscience de sa spiritualité intérieure latente, le Très-Haut usa d’une arme redoutable contre le Mal. Déjà dans les premiers temps, à l’époque de la Genèse, l’éon Sophia insuffla le souffle de l’Esprit en l’homme. La crucifixion est, nous l’avons vu, le dépassement spirituel de la condition humaine. Satan, commis du principe du Mal, ne peut sacrifier sa condition de déchéance, il ne peut que vivre éternellement sa chute. C’est, sinon la compréhension, du moins l’acceptation de l’acte sacrificiel de Jésus, acte inouï et imprévisible, qui a conduit les disciples à reprendre, non sans difficultés internes, le chemin de l’enseignement du message d’amour et de tolérance du Christ.

 

Pour autant, comme je le mentionnais dans le chapitre de « La première perturbation » : ‘’il ne faut point minimiser l’intelligence et les ressources du mauvais principe’’. C’est ainsi que dès le tout début des assemblées (des ecclésias) des remises en question de la parole divine apparurent, des interprétations différentes du message christique se firent jour. Les us et coutumes séculaires, la simplicité de la liturgie, la prière ramenée à sa plus simple et plus belle expression avec le seul « Pater Nostrum », a pu perturber nombre de croyants pas suffisamment affermis dans leur foi. Les Sept églises d’Asie reçurent des injonctions du Christ par l’intermédiaire de Jean qui exerçait son ministère à Ephèse puis à Patmos. A la disparition de Jean, qui correspond à la période apostolique, l’apostasie était déjà dans les mains de l’antéchrist, dans ces églises déjà rongées par la Bête. Les Lettres de Jean aux églises d’Asie sont significatives, prenons cet extrait d’un message de Jésus à son église de Pergame : « Je sais où tu demeures, je sais que là est le trône de Satan. Tu retiens mon nom, et tu n’as pas renié ma foi aux jours d’Antipas, mon témoin fidèle »[2]. Ainsi la Bête, est-elle déjà bien établie dans une assemblée reconnue. Elle peut, dès lors, gouverner. Le royaume de Pergame sera incorporé à l’empire romain en l’an 133.  Cette fausse église est alors élevée à la dignité et à la puissance. Elle s’appuie sur le pouvoir temporel, jusqu’à ce qu’elle soit à son tour persécutée sous Néron, Dioclétien…

 

De leur côté les églises d’Ephèse et de Smyrne étaient soumises au mystère de l’Iniquité. Le travail de sape de la Bête, ce principe du Mal sournois, s’instaura dès les premiers temps de la chrétienté. Pour survivre, les prélats pactisèrent avec les gouvernants, ils s’accommodèrent des prébendes, adaptèrent les valeurs enseignées par le Christ au paganisme pour pourvoir exercer un plus grand prosélytisme. Pour exister, malgré tout, le clergé en vint à persécuter ses propres fidèles parce, qu’induit dans ses artifices, il ne vit plus ses propres erreurs. Enfermé dans son orthodoxie, les Pères instituèrent un dogme, le message de Jésus se perdait dans les rhétoriques. La vraie église ne pu que vivre cachée aux yeux du monde. Certains Pères, comme Arius, défièrent les nouveaux pontifes. Il résista avec une grande énergie aux Malin, aux ténèbres qui enveloppaient peu à peu la fausse église. Il soutint avec fermeté que le Très-Haut était de toute éternité, que Jésus était l’Esprit descendu des sphères célestes. Son enseignement se répandit rapidement dans tous les royaumes d’Europe. La controverse amena la convocation du Concile œcuménique de Nicée en 325. Après l’exil d’Arius à la fin du IVème siècle, il restait à façonner l’évangile. Les Ecritures des deux premiers siècles furent remaniés, tronqués, arrangés et codifiés : ce qui donna ce que l’on appelle le Canon de l’Eglise. La Bête étendait le principe du Mal à l’enseignement. Une foi de plus[3] Satan pouvait falsifier le Message divin. L’église romaine, en s’accommodant de cette tromperie, fit croire aux peuples une multitude de mensonges. En faisant appel à Notre Seigneur pour propager la fausseté des Ecritures, en s’arrogeant un seul et unique dogme, en s’intitulant « église universelle », l’église de Rome commit un grand blasphème envers le Très-Haut. C’est, notamment, en s’appuyant sur l’Epître aux Galates de Paul que l’église romaine jeta l’anathème sur les communautés qui continuaient à transmettre, malgré les difficultés que cela supposaient, le vrai message du Christ. Ce détournement de la pensée est caractéristique du déni de la vraie foi : il s’agit d’un blasphème à l’encontre de la vraie église annoncée par Jésus. Paul ne s’adresse pas aux communautés chrétiennes néotestamentaires des premiers siècles et encore moins aux Bogomiles et Cathares un millier d’années plus tard : comment aurait-il fait ? Paul s’adresse bien à ces églises d’Asie qui commençaient à transformer la parole du Christ et dont est issue l’église romaine : « Je m’étonne (disait l’apôtre Paul) que vous vous laissiez détourner si vite de celui qui vous a appelés en la grâce du Christ pour passer à un autre Evangile ; non certes qu’il y ait un autre Evangile ; seulement il en est qui vous troublent et qui veulent pervertir l’Evangile du Christ. Mais quand nous-mêmes, quand un ange venu du ciel vous annoncerait un autre Evangile que nous avons annoncé, qu’il soit anathème »[4].

 

Bien entendu, comme je l’écrivais dans le chapitre précédent : « Le Très-Haut, conscient de la diversité d’interprétation possible de son message, accueille tous les hommes qui cherchent par la connaissance une vie spirituelle perfectible ». Le problème c’est que l’église romaine, en s’appuyant sur le dos de la Bête, prend progressivement pied dans le temporel. Elle devient une institution quasi incontournable. L’empereur Constantin donna une grande puissance à la papauté, l’empereur Justinien en 539 remit, quant à lui, la plus grande autorité à l’évêque de Rome. Clovis, roi des Ripuaires, Francs saliques, apporta son aide au pape. Charlemagne en acceptant d’être couronné par le souverain pontife, empereur du Saint-empire romain, reconnut, de fait, la supériorité du pouvoir papal sur lui même. A partir de ce moment, une chape de plomb vaticane allait s’abattre sur toutes les âmes d’Europe. Blasphémant, le clergé trompé par l’esprit du mal, allait inventer des paroles qu’il attribua au Très-Haut : le purgatoire, l’enfer, les indulgences, l’interdiction –sous peine du bûcher- de lire la Bible ! ; Cette bible façonnée par ces Pères qui créèrent l’église romaine. Mais alors que craignirent-ils ? C’est assez paradoxal, surtout si l’on se souvient que peu de gens savaient lire ! En fait, cette interdiction s’adressaient surtout aux clercs de l’église, le message étant : « ne vous avisez pas de contredire, par votre connaissance, le canon de l’église romaine ».

 

J’écrivais précédemment que l’apostasie et son grand mensonge sont nés de l’incompréhension du message christique de la crucifixion : ce dépassement de soi-même, cette transcendance spirituelle. Mais combien de chrétiens des premiers siècles ont donné leur vie en martyr de la foi ? Nous n’avons pas de réponse, quant au nombre, mais nous pouvons dire qu’ils on su, pour l’amour de Dieu, se sacrifier pour atteindre les sphères célestes, rejetant les misères de ce monde. Ce monde de matière, ce royaume du malin, dont a pu finalement s’accommoder l’église de Rome.

 

La vraie église, restée cachée aux yeux du monde, tentera de temps à autres de freiner cet immense blasphème du mensonge de l’église romaine. Arius, le manichéisme, l’islam, les pauliciens puis les Bogomiles, tenterons de faire entendre leur voix. Si l’Islam y parvient, c’est qu’il agit, tout d’abord, dans des contrées reculées. La confrontation viendra plus tard. Mais des hommes courageux, comme Valdo, puis des croyants comme les Cathares, s’élèveront contre la puissance du mal. L’église romaine, qui aurait pu saisir ces occasions de se réformer en prenant conscience de la déviance du message divin, s’enferma davantage dans ses dogmes, son bien-être, ses privilèges et sa toute puissance envers les souverains… et sur les bonnes âmes de son troupeau de fidèles.

 

 

Conclusion :

 

Jésus nous dit : « Celui qui est saint, qu’il se sanctifie encore ; celui qui pratique la justice, qu’il le fasse encore davantage »[5]. Le Christ s’adressant à Laodicée ajoute : « Aie donc du zèle et repens-toi. Voici je viens à la porte et je frappe. Si quelqu’un entend ma voix et ouvre la porte, j’entrerai chez lui »[6]. Ainsi donc, malgré les mises en garde contre la fausse église qui se dessine en son sein, Jésus adresse un ultime message d’amour à son église.

 

Ceux qui prétendent entendre mais qui en fait n’écoute pas la parole du Seigneur rejoignent la Babylone des églises catholique, orthodoxe et autres mouvements évangéliques contemporains. Ils participent de la méconnaissance du vrai message envers les peuples, dont ils ont la charge en qualité de bergers du Seigneur : s’improvisant vicaires du Christ, ils transmettent un message erroné, en usant du saint nom du Très-Haut  ils trompent les croyants, ils sont devenus les instruments de la Bête qui fait du blasphème un outil d’asservissement par la confusion qu’il sème dans les esprits.

 

 

 Cependant, Jésus nous dit que « la vérité vous rendra libres »[7]. Mais de quelle vérité s’agit-il ? Peut-être que la vérité n'existe-t-elle nulle part en ce monde, puisque tout y reste relatif ; mais la recherche est un processus, sinon de vérité, au moins de liberté. Cette liberté nous grandit et nous éloigne de la dépendance à laquelle le grand mensonge, qui mène au blasphème, tente de nous soumettre dans le dessein de nous rendre « fidèle et non critique » au dogme construit pas l’apostasie.

 

L’église romaine, dans l’égarement de sa puissance temporelle n’écoutera plus le vrai message d’amour, elle n’entendra plus les mises en garde du Seigneur. En s’enfermant dans ses dogmes et ses ressources terrestres, elle conduira inévitablement son bras armé contre tous ceux qui tenteront de dévoiler la Vérité trop longtemps cachée sur la vraie église du Christ. Les fagots des bûchers de l’Inquisition  se profilaient déjà à l’horizon. Les jugements iniques sont la marque de  l’incompréhension induite par la tromperie de la Bête. Il aurait suffit de ne point juger mais d’aimer, de ne point condamner mais de tolérer, de ne point se grandir mais d’être humble comme le voulait le Christ.

 

L’église romaine n’aurait pas blasphémé si elle n’avait pas rejeté les paroles du Seigneur qui a pourtant nombre de fois rappelé « Ne jugez pas, pour n’être pas jugés ; car, du jugement dont vous jugez, on vous jugera, et de la mesure dont vous mesurez on usera pour vous »[8].

 

Gilles-Henri TARDY

 

[1]  - Apoc. 18 : 4- Message du Christ à son église de Laodicée, une des sept ecclésias d’Asie, la mettant en garde contre l’apostasie naissante.

[2]  - Apoc.2 : 13

[3] - Nous trouvons dans l’Ancien Testament nombre de textes qui ne peuvent être attribués au Dieu Bon : le Déluge, les sacrifices, les offrandes… déjà une manipulation des textes par les esprits trompèrent les croyants qui de bonne foi pensaient entendre la parole divine.

[4]  - Ep. Aux Galates, I, 6-8

[5]  - Apoc. 22 : 11

[6][6]  - Apoc. 3 : 20-22

[7]  - Jn 8, 32

[8] - Mt 7, 1-2

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